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être sollicitée. Votre fils ne vous demande que sa liberté, & il n’en veut user que pour réparer ses torts, s’il en a. Cette demande même dit un devoir qu’il vous tend ; pouvez-vous ne pas sentir le vôtre ? Encore une fois pensez-y, Monsieur, je ne veux que cela, la raison vous dira le reste.

Quoique M. de M. ne soit plus ici, je sais, si vous m’honorez une réponse, où lui faire passer vos ordres ; ainsi vous pouvez les lui donner par mon canal. Recevez, Monsieur, mes salutations & les assurances de mon respect.

LETTRE À M. G. LIEUTENANT-COLONEL.

Septembre 1763.

Je crois, Monsieur, que je serois fort aise de vous connoître, mais on me fait faire tant de connoissances par force, que j’ai résolu de n’en plus faire volontairement ; votre franchise avec moi, mérite bien que je vous la rende, & vous consentez de si bonne grace, que je ne vous réponde pas, que je ne puis trop tôt vous répondre ; car, si jamais j’étois tenté d’abuser de la liberté, ce seroit moins de celle qu’on me laisse, que de celle qu’on voudroit m’ôter. Vous êtes Lieutenant-Colonel, Monsieur, j’en suis fort aise ; mais sussiez-vous Prince, & qui plus est laboureur, comme je n’ai qu’un ton avec tout le monde, je n’en prendrai pas un autre avec vous. Je vous salue, Monsieur, de tout mon cœur.