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qu’elles n’eussent point été faites, ou que mes amis & parens n’y eussent point acquiescé. J’avoue que l’affront reçu par le Conseil est pleinement réparé par le désaveu authentique de la plus saine partie de l’Etat ; mais comme il peut naître de cette démarche des semences de mésintelligence auxquelles même après ma retraite, je serois au désespoir d’avoir donné lieu, je vous prie, mon cher Cousin, vous & tous ceux qui daignent s’intéresser à moi, de vouloir bien, du moins pour ce qui me regarde, renoncer à la poursuite de cette affaire, & vous retirer du nombre des représentans. Pour moi, content d’avoir fait en toute occasion mon devoir envers ma patrie, autant qu’il a dépendu de moi, j’y renonce pour toujours, avec douleur, mais sans balancer ; & afin que le desir de mon rétablissement n’y trouble jamais la paix publique, je déclare que, quoi qu’il arrive, je ne reprendrai de mes jours le titre de Citoyen de Geneve, ni ne rentrerai dans ses murs. Croyez que mon attachement pour mon pays ne tient ni aux droits, ni au séjour, ni au titre, mais à des nœuds que rien ne sauroit briser ; croyez aussi, mon très-cher Cousin, qu’en cessant d’être votre Concitoyen, je n’en reste pas moins pour la vie votre bon parent & véritable ami.