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Souvenez-vous, Monsieur, que c’est malgré moi que je suis réduit à vous répondre sur ce ton. La vérité dans cette occasion n’en a pas deux. Si vous m’attaquiez moins durement, je ne chercherois qu’à verser mes peines dans votre sein. Votre amitié me sera toujours chere ; je me serai toujours un devoir de la cultiver ; mais je vous conjure en m’écrivant, de ne pas me la rendre si cruelle, & de mieux consulter votre bon cœur. Je vous embrasse de tout le mien.

LETTRE À M. ROUSSEAU SON COUSIN.

Juillet 1763.

Une absence de quelques jours m’a empêché, mon très-cher Cousin, de répondre plutôt à votre lettre, & de vous marquer mon regret sur la perte de mon cousin votre pere. Il a vécu en homme d’honneur, il a supporté la vieillesse avec courage, & il est mort en Chrétien. Une carriere ainsi passée est digne d’envie, puissions-nous, mon cher Cousin, vivre & mourir comme lui !

Quant à ce que vous me marquez des représentations qui ont été faites à mon sujet, & auxquelles vous avez concouru ; je reconnois, mon cher Cousin, dans cette démarche le zele d’un bon parent & d’un digne citoyen ; mais j’ajouterai qu’ayant été faites à mon insçu, & dans un tems où elles ne pouvoient plus produire aucun effet utile, il eût peut-être été mieux