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voyez, Monsieur, par l’expérience constante du théâtre, que ce n’est jamais le choix du genre bon ou mauvais, qui décide du sort d’une piece. Si la vôtre est intéressante malgré les machines, soutenue d’une bonne musique elle doit réussir ; & vous aurez eu comme Quinault, le mérite de la difficulté vaincue. Si par supposition elle ne l’est pas, votre goût, votre aimable poésie l’auront ornée au moins de détails charmans qui la rendront agréable, & c’en est assez pour plaire à l’Opéra François. Monsieur, je tiens beaucoup plus, je vous jure, à votre succès qu’à mon opinion, & non-seulement pour vous, mais aussi pour votre jeune musicien. Car le grand voyage que l’amour de l’art lui a fait entreprendre, & que vous avez encouragé, m’est garant que son talent n’est pas médiocre. Il faut en ce genre ainsi qu’en bien d’autres, avoir déjà beaucoup en soi-même, pour sentir combien on a besoin d’acquérir. Messieurs, donnez bientôt votre piece, & dussai-je être pendu, je l’irai voir, si je puis.

LETTRE À M. FAVRE.

Premier Syndic de la République de Geneve.

Motiers-Travers le 12 Mai 1763.

Monsieur,

Revenu du long étonnement où m’a jetté, de la part du magnifique Conseil, le procédé que j’en devois le moins attendre,