Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t12.djvu/345

Cette page n’a pas encore été corrigée

que cette affaire auroit des suites pour peu que je fusse d’humeur à m’y prêter. Cependant il est vrai que bien des Ministres sont mécontens ; voilà, pour ainsi dire, la profession de foi du Vicaire approuvée en tous ses points, par un de leurs confreres ; ils ne peuvent digérer cela. Les uns murmurent, les autres menacent d’écrire ; d’autres écrivent en effet ; tous veulent absolument des rétractations, & des explications qu’ils n’auront jamais. Que dois-je faire à présent, Madame, à votre avis ? Irai-je laisser mon digne Pasteur dans les lacs où il s’est mis pour l’amour de moi ? l’abandonnerai-je à la censure de ses confreres ? autoriserai-je cette censure par ma conduite & par mes écrits ? & démentant la démarche que j’ai faite, lui laisserai-je toute la honte, & tout le repentir de s’y être prêté ? Non, non, Madame ; on me traitera d’hypocrite tant qu’on voudra ; mais je ne serai ni un perfide, ni un lâche. Je ne renoncerai point à la religion de mes peres, à cette religion si raisonnable, si pure, si conforme à la simplicité de l’Evangile, où je suis rentré de bonne foi depuis nombre d’années, & que j’ai depuis toujours hautement professée. Je n’y renoncerai point au moment où elle fait toute la consolation de ma vie, & où il importe à l’honnête homme qui m’y a maintenu, que j’y demeure sincérement attaché. Je n’en conserverai pas non plus les liens extérieurs, tout chers qu’ils me sont, aux dépens de la vérité, ou de ce que je prends pour elle ; & l’on pourroit m’excommunier, & me décréter bien des fois, avant de me faire dire ce que je ne pense pas. Du reste je me consolerai d’une imputation d’hypocrisie, sans vraisemblance & sans preuves. Un Auteur qu’on bannit, qu’on décréte, qu’on