Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t12.djvu/289

Cette page n’a pas encore été corrigée

LETTRE À MYLORD MARECHAL.

Juillet 1762.

Vitam impendere vero.

MYLORD,

Un pauvre Auteur proscrit de France, de sa patrie du Canton de Berne, pour avoir dit ce qu’il pensoit être utile & bon, vient chercher un asyle dans les Etats du Roi. Mylord ne me l’accordez pas si je suis coupable, car, je ne demande point de grâce & ne crois point en avoir besoin : mais si je ne suis qu’opprimé, il est digne de vous & de Sa Majesté de ne pas me refuser le feu & l’eau qu’on veut m’ôter par toute la terre. J’ai cru vous devoir déclarer ma retraite, & mon nom trop connu par mes malheurs : ordonnez de mon sort, je suis soumis à vos ordres ; mais si vous m’ordonnez aussi de partir dans l’état où je suis, obéir m’est impossible, & je ne saurois plus où fuir.

Daignez, Mylord, agréer les assurances de mon profond respect.