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saurois l’approuver. Le zele que vous marquez ouvertement pour mes intérêts, ne me fait aucun bien présent, & me nuit beaucoup pour l’avenir en vous nuisant à vous-même. Vous vous ôtez un crédit que vous auriez employé très-utilement pour moi dans un tems plus heureux. Apprenez à louvoyer, mon jeune ami, & ne heurtez jamais de front les passions des hommes, quand vous voulez les ramener à la raison. L’envie & la haine sont maintenant contre moi à leur comble. Elles diminueront quand, ayant depuis long-tems cessé d’écrire, je commencerai d’être oublié du public, & qu’on ne craindra plus de moi la vérité. Alors si je suis encore vous me servirez & l’on vous écoutera. Maintenant taisez-vous ; respecter la décision des Magistrats & l’opinion publique ; ne m’abandonnez pas ouvertement, ce seroit une lâcheté ; mais parlez peu de moi, n’affectez point de me défendre, écrivez-moi rarement, & sur-tout gardez-vous de me venir voir : je vous le défends avec toute l’autorité de l’amitié : enfin si vous voulez me servir, servez-moi à ma mode ; je sais mieux que vous ce qui me convient.

J’ai fait assez. bien mon voyage, mieux que je n’eusse osé espérer. Mais ce dernier coup m’est trop sensible pour ne pas rendre un peu sur ma santé. Depuis quelques jours je sens des douleurs qui m’annoncent peut être une rechûte. C’est grand dommage de ne pas jouir en paix d’une retraite si agréable. Je suis ici chez un ancien & digne Patron & bienfaiteur,*

[*M. D. Roguin.] dont l’honorable & nombreuse famille m’accable à son exemple d’amitiés & de caresses. Mon bon ami, que j’aime à