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LETTRE À MADAME BOURETTE.

Qui m’avoit écrit deux lettres consécutives avec des vers, & qui m’invitoit à prendre du café chez, elle dans une tasse incrustée d’or que M. de Voltaire lui avoit donnée.

Montmorenci le 12 Mars 1761.

Je n’avois pas oublié, Madame, que je vous devois une réponse & un remerciement ; je serois plus exact si l’on me laissoit plus libre, mais il faut malgré moi disposer de mon tems, bien plus comme il plaît à autrui que comme je le devrois & le voudrois. Puisque l’anonyme vous avoir prévenue, il étoit naturel que sa réponse précédât aussi la vôtre ; & d’ailleurs je ne vous dissimulerai pas qu’il avoir parlé de plus près à mon cœur que ne sont des complimens & des vers.

Je voudrois, Madame, pouvoir répondre à l’honneur que vous me faites de me demander un exemplaire de la Julie ; mais tant de gens vous ont encore ici prévenue, que les exemplaires qui m’avoient été envoyés de Hollande, par mon Libraire, sont donnés ou destinés, & je n’ai nulle espece de relation avec ceux qui les débitent à Paris. Il faudroit donc en acheter un pour vous l’offrir, & c’est, vu l’état de ma fortune, ce que vous n’approuveriez pas vous-même : de plus, je ne sais point payer les louanges, & si je faisois tant que de payer les vôtres, j’y voudrois mettre un plus haut prix.