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lui la comédie & lire des romans sans danger. Bonjour, Monsieur, je vous embrasse, & vous remercie derechef de votre lettre ; elle me plaît beaucoup.

LETTRE À M. DE ***.

Montmorenci le 19 Février 1761.

Voila, Monsieur, ma réponse aux observations que vous avez eu la bonté de m’envoyer sur la nouvelle Héloïse. Vous l’avez, élevée à l’honneur auquel elle ne s’attendoit gueres, d’occuper des théologiens ; c’est peut-être un sort attaché à ce nom & à celles qui le portent d’avoir toujours à passer par les mains de ces Meilleurs là. Je vois qu’ils ont travaillé à la conversion de celle-ci avec un grand zele, & je ne doute point que leurs soins pieux, n’en aient fait une personne très-orthodoxe ; mais je trouve qu’ils l’ont traitée avec un peu de rudesse : ils ont flétri ses charmes, & j’avoue qu’elle me plaisoit plus, aimable quoiqu’hérétique, que bigote & maussade comme la voilà. Je demande qu’on me la rende comme je l’ai donnée, ou je l’abandonnerai à ses directeurs.