LETTRE À UN ANONYME.
Montmorenci le 11 Février 1761.
J’ai reçu le 12 de ce mois par la porte une lettre anonyme sans date, timbrée de Lille, & franche de port. Faute d’y pouvoir répondre par une autre voie, je déclare publiquement à l’auteur de cette lettre que je l’ai lue & relue avec émotion, avec attendrissement, qu’elle m’inspire pour lui la plus tendre estime, le plus grand desir de le connoître & de l’aimer, qu’en me parlant de ses larmes il m’en a fait répandre, qu’enfin jusqu’aux éloges outrés dont il me comble, tout me plaît dans cette lettre, excepté la modeste raison qui le porte à se cacher.
LETTRE À M***.
Montmorenci le 13 Février 1761.
Je n’ai reçu qu’hier, Monsieur, la lettre que vous m’avez écrite le 5 de ce mois. Vous avez raison de croire que l’harmonie de l’ame a aussi ses dissonances qui ne gâtent point l’effet du tout : chacun ne sait que trop comment elles se préparent ; mais elles sont difficiles à sauver. C’est dans les ravissans