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qu’il chante. En vérité, Madame ; ce n’est qu’avec un peu de scrupule que je l’admets dans ma retraite, & je crains qu’il ne m’y laisse plus aussi solitaire qu’auparavant. J’apprends aussi que vous avez payé le port & même à très-haut prix : quant à cette derniere générosité, trouvez bon qu’elle ne soit point acceptée, & qu’à la premiere occasion je prenne la liberté de vous rembourser vos avances. *

[*Elle avoit donné un baiser au porteur.]

LETTRE À MADAME C***.

Montmorenci le 12 Février 1761.

Vous avez beaucoup d’esprit, Madame, & vous l’aviez avant la lecture de la Julie : cependant je n’ai trouvé que cela dans votre lettre ; d’où je conclus que cette lecture ne vous est pas propre, puisqu’elle ne vous a rien inspiré. Je ne vous en estime pas moins, Madame ; les ames tendres sont souvent foibles, & c’est toujours un crime à une femme de l’être. Ce n’est point de mon aveu que ce livre a pénétré jusqu’à Geneve ; je n’y en ai pas envoyé un seul exemplaire, & quoique je ne pense pas trop bien de nos mœurs actuelles, je ne les crois pas encore assez mauvaises pour qu’elles gagnassent de remonter à l’amour.

Recevez, Madame, mes très-humbles remerciemens, & les assurances de mon respect.