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Il n’y a rien de moi sous la presse ; ceux qui vous l’ont dit vous ont trompé. Quand j’aurai quelque écrit prêt à paroître, vous n’en serez pas instruit le dernier. J’ai traduit tant bien que mal un livre de Tacite & j’en reste là. Je ne fais pas assez de Latin pour l’entendre, & n’ai pas assez de talent pour le rendre. Je m’en tiens à cet essai ; je ne sais même si j’aurai jamais l’effronterie de le faire paroître ; j’aurois grand besoin de vous pour l’en rendre digne. Mais parlons de l’histoire de Geneve. Vous savez mon sentiment sur cette entreprise ; je n’en ai pas changé ; tout ce qui me reste à vous dire, c’est que je souhaite que vous fassiez un ouvrage assez vrai, assez beau, & assez utile pour qu’il soit impossible de l’imprimer ; alors, quoi qu’il arrive, votre manuscrit deviendra un monument précieux qui sera bénir à jamais votre mémoire par tous les vrais citoyens, si tant est qu’il en reste après vous. Je crois que vous ne doutez pas de mon empressement à lire cet ouvrage, mais si vous trouvez quelque occasion pour me le faire parvenir, à la bonne heure ; car, pour moi, dans ma retraite, je ne suis point à portée d’en trouver les occasions. Je sais qu’il va & vient beaucoup de gens de Geneve à Paris & de Paris à Geneve, mais je connois peu tous ces voyageurs, & n’ai nul dessein d’en beaucoup connoître. J’aime encore mieux ne pas vous lire.

Vous me demandez de la musique, eh Dieu, cher Vernes ! de quoi me parlez-vous ? Je ne connois plus d’autre musique que celle des Rossignols ; & les Chouettes de la forêt m’on dédommagé de l’Opéra de Paris. Revenu au seul goût des plaisirs de la nature, je méprise l’apprêt des amusemens des