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d’entendre des choses contre les loix, soit sérieusement, soit par jeu. Il est vrai que le même Plutarque dit ailleurs le contraire, & il lui arrive si souvent de se contredire, qu’on ne devroit jamais rien avancer d’après lui, sans l’avoir lu tout entier. Quoi qu’il en soit, je ne puis ni ne veux recuser votre témoignage, & quand ces Auteurs ne seroient pas démentis par les restes du théâtre de Sparte encore existans, ils le seroient par Pausanias, Eustathe, Suidas, Athénée, & d’autres anciens. Il paroît seulement que ce théâtre étoit plutôt consacré à des jeux, des danses, des prix de musique, qu’à des représentations régulieres, & que les pièces qu’on y jouait quelquefois, étoient moins de véritables drames, que des farces grossieres, convenables à la simplicité des spectateurs ; ce qui n’empêchoit pas que Sosybius Lacon n’eût fait un traité de ces sortes de parades. C’est la Guilletiere qui m’apprend tout cela ; car je n’ai point de livres pour le vérifier. Ainsi rien ne manque à ma faute, en cette occasion, que la vanité de la méconnoître.

Au reste, loin de souhaiter que cette faute reste cachée à mes lecteurs, je serai fort aise qu’on la publie, & qu’ils en soient instruits ; ce sera toujours une erreur de moins. D’ailleurs, comme elle ne fait tort qu’à moi seul, & que mon sentiment n’en est pas moins bien établi, j’espere qu’elle pourra servir d’amusement aux critiques ; j’aime mieux qu’ils triomphent de mon ignorance, que de mes maximes ; & je serai toujours très-content que les vérités utiles que j’ai soutenues, soient épargnées à mes dépens.

Recevez, Monsieur, les assurances de ma reconnoissance, de mon estime & de mon respect.