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LETTRE À M. LE COMTE DE TRESSAN.

Paris le 7 Janvier 1756.

Quelque danger, Monsieur, qu’il y ait de me rendre importun, je ne puis m’empêcher de joindre aux remerciemens que je vous dois, des remarques sur l’enrégistrement de l’affaire de M. Palissot ; & je prendrai d’abord la liberté de vous dire que mon admiration même pour les vertus du Roi de Pologne, ne me permet d’accepter le témoignage de bonté dont Sa Majesté m’honore en cette occasion, qu’à condition que tout soit oublié. J’ose dire qu’il ne lui convient pas d’accorder une grace incomplete, & qu’il n’y a qu’un pardon sans réserve qui soit digne de sa grande ame. D’ailleurs, est-ce faire grace que d’éterniser la punition, &les registres d’une Académie ne doivent-ils pas plutôt pallier que relever les petites fautes de ses membres ? Enfin, quelque peu d’estime que je fasse de nos contemporains, à Dieu ne plaise que nous les avilissions à ce point, d’inscrire comme un acte de vertu, ce qui n’est qu’un procédé des plus simples, que tout homme de Lettres n’eût pas manqué d’avoir à ma place.

Achevez donc, Monsieur, la bonne œuvre que vous avez si bien commencée, afin de la rendre digne de vous. Qu’il ne