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Mais les Caligula, les Nérons, les Tiberes !...... mon Dieu!..... je me roule par terre, & je gémis d’être homme.

Je n’ai pas entendu tout ce que vous avez dit des loix dans votre livre, & ce qu’en dit l’Auteur nouveau dans le sien. Je trouve qu’il traite un peu légérement des diverses formes de gouvernement, bien légérement sur-tout des suffrages. Ce qu’il a dit des vices du Despotisme électif est très-vrai : ces vices sont terribles. Ceux du Despotisme héréditaire, qu’il n’a pas dits, le sont encore plus.

Voici un second problême qui depuis long-tems m’a roulé dans l’esprit.

Trouver dans le Despotisme arbitraire une forme de succession qui ne soit ni élective ni héréditaire, ou plutôt qui soit à la fois l’une & l’autre, & par laquelle on s’assure autant qu’il est possible de n’avoir ni des Tiberes ni des Nérons.

Si jamais j’ai le malheur de m’occuper derechef de cette folle idée, je vous reprocherai toute ma vie de m’avoir ôté de mon ratelier. J’espere que cela n’arrivera pas ; mais, Monsieur, quoi qu’il arrive, ne me parlez plus de votre Despotisme légal. Je ne saurois le goûter ni même l’entendre ; & je ne vois là que deux mots contradictoires, qui réunis ne signifient rien pour moi.

Je connois d’autant moins votre principe de population, qu’il me paroît inexplicable en lui-même, contradictoire avec les faits, impossible à concilier avec l’origine des nations. Selon vous, Monsieur, la population multiplicative n’auroit dû commencer que quand elle a cessé réellement. Dans mes vieilles idées si-tôt qu’il y a eu pour un sol de ce que vous