le fiche par cœur, mieux qu’un Ambassadeur ne doit savoir ses instructions. Mais ce qui est plus important encore ; c’est qu’elle soit parfaitement convaincue qu’il n’y a point d’autre route pour aller au but qu’on lui marque, & par conséquent au sien.
Il ne faut pas pour cela lui donner d’abord le mémoire. Il faut lui dire premiérement ce que vous voulez faire ; lui montrer l’état de corps & d’ame où vous exigez qu’elle mette votre enfant. Là-dessus toute dispute ou objection de sa part est inutile : vous n’avez point de raisons à lui rendre de votre volonté. Mais il faut lui prouver que la chose est faisable, & qu’elle ne l’est que par les moyens que vous proposez : c’est sur cela qu’il faut beaucoup raisonner avec elle ; il faut lui dire, vos raisons clairement, simplement, au long, en termes à sa portée. Il faut écouter ses réponses, ses sentimens, ses objections, les discuter à loisir ensemble, non pas tant pour ces objections mêmes, qui probablement seront superficielles, que pour saisir l’occasion de bien lire dans son esprit, de la bien convaincre que les moyens que vous indiquez sont les seuls propres à réunir. Il faut s’assurer que de tout point elle est convaincue, non en paroles mais intérieurement. Alors il faut lui donner le mémoire, le lire avec elle, l’examiner, l’éclaircir, le corriger, peut-être, & s’assurer qu’elle l’entend parfaitement.
Il surviendra souvent durant l’éducation des circonstances imprévues : souvent les choses prescrites ne tourneront pas comme on avoir cru : les élémens nécessaires pour résoudre les problêmes moraux sont en très-grand nombre, & un seul