& le chrétien n’a besoin que de logique pour avoir de la vertu.
Mais outre cet intérêt qu’on peut regarder en quelque façon comme étranger à la chose, comme n’y tenant que par une expresse volonté de Dieu, vous me demanderez peut-être s’il y a quelque autre intérêt lié plus immédiatement, plus nécessairement à la vertu par sa nature, & qui doive nous la faire aimer uniquement pour elle-même. Ceci tient à d’autres questions dont la discussion passe les bornes d’une lettre, & dont par cette raison je ne tenterai pas ici l’examen. Comme, si nous avons un amour naturel pour l’ordre, pour le beau moral, si cet amour peut être assez vif par lui-même pour primer sur toutes nos passions, si la conscience est innée dans le cœur de l’homme, ou si elle n’est que l’ouvrage des préjugés & de l’éducation : car en ce dernier cas il est clair que nul n’ayant en soi-même aucun intérêt à bien faire, ne peut faire aucun bien que par le profit qu’il en attend d’autrui, qu’il n’y a par conséquent que des sots qui croyent à la vertu & des dupes qui la pratiquent ; telle est la nouvelle philosophie.
Sans m’embarquer ici dans cette métaphysique qui nous meneroit trop loin, je me contenterai de vous proposer un fait que vous pourrez mettre en question avec votre adversaire, & qui, bien discuté, vous instruira peut-être mieux de les vrais sentimens que vous ne pourriez vous en instruire en restant dans la généralité de votre these.
En Angleterre quand un homme est accusé criminellement, douze jurés, enfermés dans une chambre pour opiner sur l’examen de la procédure s’il est coupable ou s’il ne l’est pas, ne