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que dans ceux dont nous parlons ici, & en général que dans nous ceux on l’Auteur sûr de lui-même & parlant d’abondance de cœur s’abandonne à toute sa véhémence, sans songer aux prises qu’il peut laisser au méchant qui le guerre de sang-froid, & qui ne cherche ce qu’il offre de bon & d’utile qu’un cote mal garde par lequel il puisse enfoncer le poignard. Mais lisez tous ces passages dans le sens qu’ils présentent naturellement à l’esprit du lecteur & qu’ils avoient dans celui de l’Auteur en les écrivant, lisez-les à leur place avec ce qui précédé & ce qui suit, consultez la disposition de cœur ou ces lectures vous mettent ; c’est cette disposition qui vous éclairera sûr leur véritable sens. Pour toute réponse à ces sinistres interprétateurs & pour leur juste peine, je ne voudrois que leur faire lire à haute voix l’ouvrage entier qu’ils déchirent ainsi par lambeaux pour les teindre de leur venin ; je doute qu’en finissant cette lecture il s’en trouvât un seul assez impudent pour oser renouveller son accusation.

Le François.

Je sais qu’on blâme en général cette maniere d’isoler & défigurer les passages d’un Auteur pour les interpréter au gré de la passion d’un censeur injuste ; mais par vos propres principes nos Messieurs vous mettront ici loin de votre compte, car c’est encore moins dans des traits épars que dans toute la substance des livres dont il s’agit qu’ils trouvent le poison que l’Auteur a pris soin d’y répandre : mais il y est fondu avec tant d’art, que n’est que par les plus subtiles analyses qu’on vient à bout de le découvrir.