Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t11.djvu/435

Cette page n’a pas encore été corrigée

qui de leur cote dirigeant sourdement toutes les forces publiques sur les plans convenus entre eux, rendent infaillible l’exécution de tous leurs projets. Ces chefs de la ligue philosophique la méprisent & n’en sont pas estimes, mais l’intérêt commun les tient étroitement unis les uns aux autres, parce que la haine ardente & cachée est la grande passion de tous, & que par une rencontre assez naturelle, cette haine commune est tombée sur les mêmes objets. Voila comment le siecle ou nous vivons est devenu le siecle de la haine & des secrets complots : siecle ou tout agit de concert sans affection pour personne, ou nul ne tient a son parti par attachement mais par aversion pour le parti contraire, ou, pourvu qu’on fasse le mal d’autrui, nul ne se soucie de son propre bien.

Rousseau.

C’étoit pourtant chez tous ces gens si haineux que vous trouviez pour J. J. une affection si tendre.

Le François.

Ne me rappellez pas mes torts ; ils étoient moins réels qu’apparens. Quoique tous ces ligueurs m’eussent fascine l’esprit par un certain jargon papillote, toutes ces ridicules vertus si pompeusement étalées étoient presque aussi choquantes à mes yeux qu’aux vôtres. J’y sentois une forfanterie que je ne savois pas démêler, & mon jugement, subjugue mais non satisfait, cherchoit les éclaircissemens que vous m’avez donnes, sans savoir les trouver de lui-même.

Les complots ainsi arranges, rien n’a été plus facile que de les mettre à exécution par des moyens assortis à cet effet.