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Cette aversion une sois inspirée, s’étend se communique de proche en proche, dans les familles, dans les sociétés, & devient en quelque sorte un sentiment inné qui s’affermit dans les enfans par l’éducation, & dans les jeunes gens par l’opinion publique. C’est encore une remarque à faire, qu’excepte la confédération secrète de vos Dames & de vos Messieurs, ce qui reste de la génération dans laquelle il a vécu, n’a pas pour lui une haine aussi envenimée que celle qui se propage dans la génération qui suit. Toute la jeunesse est nourrie dans ce sentiment par un soin particulier de vos Messieurs dont les plus adroits se sont charges de ce département. C’est d’eux que tous les apprentifs philosophes prennent l’attache, c’est de leurs mains que sont places les gouverneurs des enfans, les secrétaires des peres, les confidens des meres ; rien dans l’intérieur des familles ne se fait que par leur direction, sans qu’ils paroissent le mêler de rien ; ils ont trouve l’art de faire circuler leur doctrine & leur animosité dans les séminaires dans les colleges, & toute la génération naissante leur est dévouée des le berceau. Grands imitateurs de la marche des Jésuites ils surent leurs plus ardens ennemis, sans doute par jalousie de métier, & maintenant, gouvernant les esprits avec le même empire avec la même dextérité que les autres gouvernoient les consciences, plus fins qu’eux en ce qu’ils savent mieux le cacher en agissant, & substituant peu-à-peu l’intolérance philosophique à l’autre, ils deviennent, sans qu’on s’en apperçoive, aussi dangereux que leurs prédécesseurs. C’est par, eux que cette génération nouvelle qui doit certainement à J. J. d’être moins tourmentée dans sou enfance, plus saine & mieux