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toute entiere, & ils ne seroient pas même à l’abri de la vindicte publique. Ainsi soit pour la sûreté de leurs personnes soit pour le repos de leurs consciences, il leur importe trop de ne voir en lui qu’un scélérat pour qu’eux & les leurs y voyent jamais autre chose.

Le François.

Mais enfin, pouvez-vous concevoir imaginer que quel solide réponse aux preuves dont vous avez été si frappe ? Tout ce que vous verrez ou croirez voir pourra-t-il jamais les détruire ? Supposons que vous trouviez un honnête homme ou la raison le bon sens & tout le monde vous montrent un scélérat, que s’ensuivra-t-il ? Que vos yeux vous trompent, ou que le genre humain tout entier, excepte vous seul est dépourvu de sens ? Laquelle de ces deux suppositions vous paroit la plus naturelle, & à laquelle enfin vous en tiendrez-vous ?

Rousseau.

À aucune des deux, & cette alternative ne me paroit pas si nécessaire qu’à vous. Il est une autre explication plus naturelle qui lève bien des difficultés. C’est de supposer une ligue dont l’objet est la diffamation de J. J. qu’elle a pris soin d’isoler pour cet effet. Et que dis-le, supposer ? Par quelque motif que cette ligue se soit formée, elle existe. Sûr votre propre rapport elle sembleroit universelle. Elle est du moins grande puissante nombreuse ; elle agit de concert & dans le plus profond secret pour tout ce qui n’y entre pas & sûr-tout pour l’infortuné qui en est l’objet. Pour s’en défendre il n’a ni secours ni ami ni appui ni conseil ni lumieres ; tout n’est autour