Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t11.djvu/156

Cette page n’a pas encore été corrigée

paroit solide & forte. Elle s’est présentée à mon esprit long-tems avant que vous me la fissiez ; elle me paroit plus facile à rétorquer qu’à résoudre, & vous doit embarrasser du moins autant que moi : car enfin si le public n’est pas tout compose de mechans & de fourbes, tous d’accord pour trahir un seul homme, il est encore moins compose sans exception l’hommes bienfaisans, généreux, francs de jalousie d’envie de malignité. Ces vices sont-ils donc tellement éteints sûr la terre qu’il n’en reste pas le moindre germe dans le cœur d’aucun individu ? C’est pourtant ce qu’il faudroit admettre si ce système de secret & de ténèbres qu’on suit si fidellement envers J. J. n’étoit qu’une œuvre de bienfaisance & de charité. Laissons à part vos Messieurs qui sont des ames divines & dont vous admirez la tendre bienveillance pour lui. Il a dans tous les états, vous me l’avez dit vous-même, un grand nombre d’ennemis très-ardens, qui ne cherchent assurément pas à lui rendre la vie agréable & douce. Concevez-vous que dans cette multitude de gens, tous d’accord pour de l’inquiétude a un scélérat qu’ils abhorrent & de la honte à un hypocrite qu’ils détestent, il ne s’en trouvé pas un seul qui pour jouir au moins de sa confusion soit tente de lui dire tout ce qu’on sait de lui ? Tout s’accorde avec une patience plus qu’angélique à l’entendre provoquer au milieu de paris ses persécuteurs, donner des noms assez durs à ceux qui l’obsédant, leur dire insolemment : Parlez haut, traîtres que vous êtes ; me voila. Qu’avec- vous à dire ? à ces stimulants apostrophes la plus incroyable patience n’abandonne pas un instant un seul homme dans toute cette multitude. Tous insensibles