Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t11.djvu/114

Cette page n’a pas encore été corrigée

la faisoient supporter. Un seul homme pensant comme moi nourrissoit ma confiance, un seul homme vraiment vertueux me faisoit croire à la vertu, m’animoit à la chérir à l’idolâtrer à tout espérer d’elle ; & voila qu’en m’ôtant cet appui vous me laissez seul sûr la terre englouti dans un gouffre de maux, sans qu’il me reste la moindre lueur d’espoir dans cette vie, & prêt à perdre encore celui de retrouver dans un meilleur ordre de choses le dédommagement de tout ce que j’ai souffert dans celui-ci.

Vos premieres déclarations me bouleversèrent. L’appui de vos preuves me les rendit plut, accablantes, & vous navrâtes mon ame des plus ameres douleurs que j’aye jamais senties. Lorsqu’entrant ensuite dans le détail des manœuvres systématiques dont ce malheureux homme est l’objet, vous m’avez développé le plan de conduite à son égard trace par l’auteur de découvertes, & fidellement suivi par tout le monde, mon attention partagée à rendu ma surprise plus grande & mon affliction moins vive. J’ai trouvé toutes ces manœuvres si cauteleuses, si pleines de ruse & d’astuce, que je n’ai pu prendre de ceux qui s’en sont un système la haute opinion que vouliez m’en donner, & lorsque vous les combliez d’éloges je sentis mon cœur en murmurer malgré moi. J’admirois comment d’aussi nobles motifs pouvoient dicter des pratiques aussi basses, comment la fausseté la trahison le mensonge pouvoient être devenus des instrumens de bienfaisance & de charité, comment enfin tant de marches obliques pouvoient s’allier avec la droiture ! Avois -le tort ? Voyez vous-même, rappellez-vous tout ce tout vous m’avez, dit. Ah convenez