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fort grands, ils sont suffisans pour exiger cette précaution, & il faut nécessairement un certain tems pour sentir l’effet de la meilleure réforme & prendre la consistance qui doit en être le fruit. Ce n’est qu’en supposant que le succes réponde au courage des confédérés & à la justice de leur cause, qu’on peut songer à l’entreprise dont il s’agit. Vous ne serez jamais libres tant qu’il restera un seul soldat Russe en Pologne, & vous serez toujours menacés de cesser de l’être, tant que la Russie se mêlera de vos affaires. Mais si vous parvenez à la forcer de traiter avec vous comme de puissance à puissance & non plus comme de protecteur à protégé, profitez alors de l’épuisement où l’aura jettée la guerre de Turquie pour faire votre œuvre avant qu’elle puisse la troubler. Quoique je ne fasse aucun cas de la sûreté qu’on se procure au dehors par des traités, cette circonstance unique vous forcera peut-être de vous étayer autant qu’il se peut de cet appui, ne fût-ce que pour connoître la disposition présente de ceux qui traiteront avec vous. Mais ce cas excepté & peut-être en d’autres tems quelques traités de commerce, ne vous fatiguez pas à de vaines négociations, ne vous ruinez pas en ambassadeurs & ministres dans d’autres Cours, & ne comptez pas les alliances & traités pour quelque chose. Tout cela ne sert de rien avec les puissances chrétiennes : elles ne connoissent d’autres liens que ceux de leur intérêts ; quand elles le trouveront à remplir leurs engagemens elles les rempliront, quand elles le trouveront à les rompre elles les rompront, autant vaudroit n’en point prendre. Encore, si cet intérêt étoit toujours vrai, la connoissance de ce qu’il leur