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plus puissans, tant par l’abolition du veto que par la diminution de la puissance royale & de celle des Ministres fondue en partie dans leur Corps, n’y pourroient pourtant faire dominer l’esprit de ce Corps, & le Sénat, ainsi mi-parti de membres à tems & de membres à vie seroit aussi bien constitué qu’il est possible pour faire un pouvoir intermédiaire entre la chambre des Nonces & le Roi, ayant à la fois assez de consistance pour régler l’administration & assez de dépendance pour être soumis aux loix. Cette opération me paroît bonne, parce qu’elle est simple, & cependant d’un grand effet.

On propose pour modérer les abus du veto, de ne plus compter les voix par tête de Nonce mais de les compter par Palatinats. On ne sauroit trop réfléchir sur ce changement avant que de l’adopter, quoiqu’il ait ses avantages & qu’il soit favorable à la forme fédérative. Les voix prises par masse & collectivement vont toujours moins directement à l’intérêt commun que prises ségrégativement par individu. Il arrivera très-souvent que parmi les Nonces d’un Palatinat, un d’entr’eux, dans leurs délibérations particulieres prendra l’ascendant sur les autres & déterminera pour son avis la pluralité, qu’il n’auroit pas si chaque voix demeuroit indépendante. Ainsi les corrupteurs auront moins à faire & sauront mieux à qui s’adresser. De plus, il vaut mieux que chaque Nonce ait à répondre pour lui seul à sa Diétine, afin que nul ne s’excuse sur les autres, quel’innocent & le coupable ne soient pas confondus & que la justice distributive soit mieux observée. Il se présente bien des raisons contre cette forme qui relâcheroit beaucoup le lien commun & pourroit à chaque Diete