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tout rentre dans l’égalité ; toute autre autorité se tait devant elle ; sa voix est la voix de Dieu sur la terre. Le Roi même qui préside à la Diete, n’a pas alors, je le soutiens, le droit d’y voter, s’il n’est noble Polonois

On me dira sans doute ici que je prouve trop, & que si les sénateurs n’ont pas voix comme tels à la Diete, ils ne doivent pas non plus l’avoir comme citoyens, puisque les membres de l’ordre Equestre n’y votent pas par eux-mêmes mais seulement par leurs représentans, au nombre desquels les sénateurs ne sont pas. Et pourquoi voteroient-ils comme particuliers dans la Diete, puisqu’aucun autre noble, s’il n’est nonce, n’y peut voter ? Cette objection me paroît solide dans l’état présent des choses ; mais quand les changemens projetés seront faits, elle ne le sera plus, parce qu’alors les sénateurs eux-mêmes seront des représentans perpétuels de la nation, mais qui ne pourront agir en matiere de législation qu’avec le concours de leurs collegues.

Qu’on ne dise donc pas que le concours du Roi, du Sénat, & de l’ordre Equestre est nécessaire pour former une loi. Ce droit n’appartient qu’au seul ordre Equestre dont les Sénateurs sont membres comme les *

[*W. mss. " les autres Nonces"] Nonces, mais où le Sénat en Corps n’entre pour rien. Telle est ou doit être en Pologne la loi de l’Etat : mais la loi de la nature, cette loi sainte, imprescriptible, qui parle au cœur de l’homme & à sa raison, ne permet pas qu’on resserre ainsi l’autorité législative & que les loix obligent quiconque n’y a pas voté personnellement comme les Nonces, ou du moins par ses représentans comme le Corps de la noblesse. On ne viole point impunément cette