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où l’administration générale n’est établie que pour assurer la propriété particulière qui lui est antérieure. Le principal objet des travaux de toute la maison, est de conserver & d’accroître le patrimoine du pere, afin qu’il puisse un jour le partager entre ses enfans sans les appauvrir ; au lieu que la richesse du fisc n’est qu’un moyen, souvent fort mal entendu, pour maintenir les particuliers dans la paix & dans l’abondance. En un mot, la petite famille est destinée à s’éteindre, & à se résoudre un jour en plusieurs autres familles semblables ; mais la grande étant faite pour durer toujours dans le même état, il faut que la première s’augmente pour se multiplier : & non seulement il suffit que l’autre se conserve, mais on peut prouver aisément que toute augmentation lui est plus préjudiciable qu’utile.

Par plusieurs raisons tirées de la nature de la chose, le pere doit commander dans la famille. Premièrement, l’autorité ne doit pas être égale entre le pere & la mere ; mais il faut que le gouvernement soit un, & que dans les partages d’avis il y ait une voix prépondérante qui décida. 2°. Quelque légeres qu’on veuille supposer les incommodités particulières à la femme ; comme elles sont toujours pour elle un intervalle d’inaction, c’est une raison suffisante pour l’exclure de cette primauté : car quand la balance est parfaitement égale, une paille suffit pour la faire pencher. De plus, le mari doit avoir inspection sur la conduite de sa femme ; parce qu’il lui importe de s’assurer que les enfans, qu’il est forcé de reconnôitre & de nourrir, n’appartiennent pas à d’autres qu’à lui. La femme qui n’a rien de semblable à craindre, n’a pas le même