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Le Couvent.


En passant devant le couvent
de la petite ville endormie
je me suis arrêtée.
essayant de voir, à travers la grille,
les fillettes que j’entendais jouer.

C’était à l’heure de la récréation
en Juin. Un gros nuage rond
errait paresseusement dans le ciel.
Une novice au voile blanc
surveillait le jardin d’enfants.
Et, sous les marronniers défleuris du préau,
les cris aigus des petites filles
se mêlaient aux cris des moineaux.

— Marie ! Anna ! Marthe ! Bertha !
— Maria ! Clara ! Émilie !
Ces noms que j’avais prononcés mille fois
s’envolaient par dessus la grille.
Et je voyais en imagination
Marie Beaufaux et Maria Libouton
assises sur un banc et se chuchotant des secrets.