Page:Rousseau - Angéliques.pdf/15

Cette page a été validée par deux contributeurs.

À gauche, il y avait le parloir.
À droite, la salle à manger.
Au fond, le réfectoire
et l’escalier vaste et silencieux
où il était défendu de parler.
Mais ce que je me rappelais le mieux
c’était le dortoir, et les petits lits alignés
séparés l’un de l’autre
par une cloison de sapin…
Et les soirs où l’on bavardait deux à deux
après que Sœur Lucile avait éteint,
debout sur l’oreiller, tout bas,
une petite natte de cheveux
entre les épaules fragiles,
dans la robe de nuit qui tombait jusqu’aux pieds.

Car les fillettes de ce temps lointain
portaient les cheveux longs.
Et il était souvent bien difficile
de se coiffer, les durs matins d’hiver,
quand on voyait à peine clair
pour se débarbouiller,
et qu’il fallait aussi avoir refait son lit
à l’instant précis où la cloche sonnait.