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Car ce couvent c’était
le pensionnat de mon enfance
où j’avais appris à lire et à prier,
où j’avais pleuré sur des additions
devant le tableau noir de la classe primaire,
où je m’étais sentie si solitaire
aux lendemains de la rentrée,
pendant les mornes récréations d’Automne,
et pendant les soirées d’été
qui devenaient si tristes
quand un cor de chasse qu’on ne voyait jamais
s’exerçait à jouer, plaintif et enroué,
la chanson du Roi Dagobert.

Rien, semblait-il, n’avait changé
dans la blanche demeure austère.
Le silence mélancolique
gardait toujours le seuil de la maison.
La sainte Vierge, au milieu du fronton,
vous accueillait, comme autrefois, les bras ouverts.
Le trou noir qu’on apercevait à ses pieds
c’était le vestibule frais,
ce vestibule qui sentait
l’encens et le bouquet fané.