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pour la rendre aſſez naturelle dans la muſique imitative pour faire illuſion au théâtre : mais de quelque façon qu’on s’y prenne, on ne parviendra jamais à perſuader à l’auditeur que le chant qu’il entend n’eſt que de la parole ; & ſi l’on y pouvoit parvenir, ce ne ſeroit jamais qu’en fortifiant une des grandes puiſſances de la muſique, qui eſt le rythme muſical, bien différent pour nous du rythme poétique, & qui ne peut s’aſſocier avec lui que très-rarement & très-imparfaitement.

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C’eſt un grand & beau problème à réſoudre, de déterminer juſqu’à quel point on peut faire chanter la langue & parler la muſique. C’eſt d’une bonne ſolution de ce problème que dépend toute la théorie de la muſique dramatique. L’inſtinct ſeul a conduit ſur ce point les Italiens dans la pratique auſſi bien qu’il étoit poſſible, & les défauts énormes de leurs opéras ne viennent pas d’un mauvais genre de muſique, mais d’une mauvaiſe application d’un bon genre.

Nous pouvons fixer les incertitudes du Public ſur l’exiſtence des mémoires de la vie de J. J. Rouſſeau, ſoi-diſant imprimés, dont on parle de-