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et de Nouza une nouvelle jurisdiction, qui, renforcée de la piève Pietta, se trouvera à peu près égale à la jurisdiction de Capocorso. Le fief d’Istria, réuni à la province de Sarteno, ne la rendra pas encore égale à celle de Corte, et celle de Bastia et Nebbio, quoique diminuée d’une piève, peut être partagée en deux jurisdictions encore très-fortes, dont le Guolo fera la séparation. Ceci n’est qu’un exemple pour me faire entendre, car je ne connais pas assez le local pour pouvoir rien déterminer.

Par ces légers changements, l’île de Corse, que je suppose entièrement libre, se trouverait divisée en douze jurisdictions, qui ne seront pas entièrement disproportionnées, surtout lorsqu’après avoir resserré, comme on le doit, les droits municipaux des villes, on aura laissé par ces villes moins de poids à leur jurisdiction.

Les villes sont utiles dans un pays à proportion de ce qu’on y cultive le commerce et les arts, mais elles sont nuisibles au système que nous avons adopté ; leurs habitants sont cultivateurs ou oisifs ; or, la culture se fait toujours mieux par les colons que les urbains, et c’est de l’oisiveté que viennent tous les vices qui, jusqu’à ce moment, ont désolé la Corse. Le sot orgueil des bourgeois ne fait qu’avilir et décourager le laboureur. Livrés à la mollesse, aux passions qu’elle excite, ils se plongent dans la débauche et se vendent pour y satisfaire. L’intérêt les rend serviles, et la fainéantise les rend inquiets ; ils sont esclaves ou mutins, jamais libres. Cette différence s’est bien fait sentir durant toute la présente guerre, et depuis que la nation a brisé ses fers. C’est la vigueur de vos pièves qui a fait la révolution, c’est leur fermeté qui l’a soutenue ; cet inébranlable courage, que nul revers ne peut