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d’avis sur le travail qui nous concerne, mais je serais inconsolable si j’avais à me reprocher de vous y avoir porté. Je n’ai confié qu’à des amis sûrs mes lettres et les vôtres ; ainsi je suis bien assuré que les nouvelles qui se sont répandues dans le public, sur vous et sur la Corse, ne partent ni d’eux ni de moi. Je les ai communiquées à M. Paoli. Il est plein d’estime et de reconnaissance pour vous. Depuis l’arrivée des troupes françaises, il a été continuellement en tournée. Le voilà de retour de l’autre côté des monts, où sa présence a rétabli le bon ordre que des émissaires de la République cherchaient à y déranger. Ils s’étaient flattés que les troupes françaises leur en animaient facilité les moyens, mais leur général ayant déclaré que l’intention du roi n’était pas de susciter des troubles dans la nation, mais au contraire de contribuer au maintien de l’ordre et de l’union générale, les bras sont tombés aux séditieux, qui se sont désistés de leurs chimériques projets.

Je vous priais, monsieur, dans ma lettre de Fontainebleau du 10 novembre, d’adresser vos lettres à M. le comte de Marbœuf, à Bastia. Je n’avais alors personne qui pût me les faire parvenir ; mais à présent vous pouvez les envoyer à mon adresse. Je fis passer à celle de M. Boy de la Tour un paquet qui doit vous être parvenu, ainsi qu’un autre, qu’on doit vous avoir adressé de Perpignan.

Quand nous serons sur le courant ici, nous travaillerons à remplir les objets de votre mémoire, et M. Paoli et la nation seront bien satisfaits si vous persévérez dans la bonne volonté que vous m’avez témoigné avoir pour nous.

Je me flatte, monsieur, que vous voudrez bien me répondre et me tirer de la perplexité où je suis. Il me serait dur assurément de devoir renoncer à recevoir de vos nou-