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lez bien me rendre à ce sujet, et dans l’occasion je ne la démentirai pas. Je présume que tout au plus elles offriront la médiation du roi pour la pacification ; mais il est croyable qu’elle ne sera pas acceptée. Ainsi, si nos troupes observent une neutralité parfaite, les Corses n’auront de guerre avec la République que pour la ville de Bonifazio qui lui reste. On tournera donc toutes les vues au meilleur état possible de l’intérieur : la forme du gouvernement deviendra l’objet principal : dans cette supposition, ne pourrait-on pas vous engager à faire le voyage de Corse ?

L’indépendance de notre pays n’est pas encore reconnue de toutes les puissances ; mais, monsieur, il est pourtant vrai qu’une grande partie commence à l’admettre. Le pape, dans la mission du visiteur apostolique, a donné l’exemple. Le prélat a été envoyé à la réquisition des Corses, et malgré l’opposition de Gênes, il a été adressé au gouvernement national, et il n’a exercé ses fonctions qu’après avoir fait vérifier sa commission.

La Toscane est toute pour nous. Les bâtiments de cette nation viennent sur nos plages faire un petit commerce ; ils nous apportent tout ce dont nous avons besoin, même des munitions de guerre, sans que les Génois osent les visiter. Le pavillon corse est reçu, considéré, protégé à Livourne. La Régence nous traite en puissance, et se conduit sur les instructions de l’empereur. Les rois de Naples et de Sardaigne permettent à leurs sujets de commercer avec nous ; ce dernier fait plus, il veut qu’on respecte nos bâtiments sur les parages de ses États. Il en a fait rendre un, arrêté par les Génois sur les côtes de Sardaigne ; il a été conduit dans nos ports aux frais de la République, qui a payé les dommages. Enfin les puissances d’Italie nous re-