Page:Rousseau - Œuvres et correspondance inédites éd. Streckeisen-Moultou.djvu/55

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pas sûr qu’il en résulte un tout aussi parfait ; on n’en peut juger que sur le recueil complet de vos lois.

LETTRE III

M. DE BUTTAFUOCO À J. J. ROUSSEAU.
Paris, 3 octobre 1764.

Je crois inutile, monsieur, de vous exprimer le plaisir que j’ai ressenti en recevant votre lettre. Il est digne de vous, de votre vertu, de la générosité de votre âme, d’embrasser avec chaleur, avec feu, même avec passion, la cause de l’humanité. Les Corses gémiraient malgré leurs succès, si une main bienfaisante ne les conduisait au bien par une sage institution. Je jouis d’avance de la prospérité qui en résultera, et j’apporterai à M. Paoli une nouvelle bien agréable dans le voyage que je vais faire en Corse.

Dès que vous avez du zèle, je suis tranquille, monsieur, sur le reste ; il ne vous manque sûrement rien. Je veux me flatter que vous viendrez sur les lieux prendre, par vous-même, les connaissances relatives au pays et à la nation. Si cet espoir n’est pas rempli, nous ferons de notre mieux pour vous donner les éclaircissements et les mémoires que vous désirez : vous aurez la bonté de nous guider dans ce travail, en nous faisant connaître les objets sur lesquels devra rouler la correspondance. Mais je commence par vous demander de l’indulgence pour moi et pour ceux qui en seront chargés. Je me rends justice en