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418 LETTRES INÉDITES.

XXX

À M. DE LUC.

À Motiers, le 25 janvier 176S.

Malgré la détresse où je suis, monsieur, je dois, en Tab- sence de notre ami que je crois parti, vous parler d’une chose que j’ai oublié de lui dire. Si Dieu bénit le zèle pa- triotique et qu’on puisse établir une bonne réconciliation, n’oubliez pas Taffaire de M. Pictet. Vous en devez sentir rimportance. .Quand même ses sentiments intérieurs vous seraient suspects, vous devez vous faire une loi d’encou- rager les membres du CC ^ qui s’osent montrer dans l’occa- sion, et ne point leur laisser croire qu’en s’ élevant en faveur de la loi ils seront abandonnés de la bourgeoisie. Il faut absolument, du moins je le pense, que M. Pictet puisse rentrer en CC. avec honneur. Cela peut être d’une grande influence dans l’avenir.

Avez -vous vu l’article de la Gazette de Berne qui me con- cerne ? Qu’en dites-vous ? La sainte religion de l’illustre so- ciété académique est un gros torchon de paille enduit de boue, qu’ils veulent me fourrer dans la gorge à toute force, pour me mettre en pièces tout à leur aise sans que je puisse crier. Toute cette cafardise est trop maladroite pour réussir, et ces messieurs ont la vue trop courte et ne sont assurément pas aussi fins que je les croyais. Ces messieurs travaillent sans relâche à me mettre dans la position la plus avantageuse où je puisse être vis-à-vis d’eux. Je n’écris

  • Le Conseil des Cinq-Cents de Genève. (Note de l’Éditeur.)