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592 LETTRES INÉDITES.

n’y réussirais jamais, n’ayanl ni ce talent-là, ni le goût qui le rend utile. À la vérité, il y a dans mon livre beaucoup de mauvaises notes que je voudrais qui n’y fussent pas ; mais ce ne sont pas celles-là que M. de Malesherbes exige qu’on retranche. Je pourrais consentir qu’on les ôtât abso- lument toutes, pourvu que le texte entier restât tel qu’il est dans la première édition ; encore ce sacrifice me coû- terait-il beaucoup. — Je remercie très-humblement M. de Malesherbes de sa bonne volonté ; mais je ne sais ni ne veux apprendre comment il faut accommoder un livre pour le mettre en état d’être imprimé à Paris,

XV

À MADAME GO^’CEnU.

Le 10 janvier 1762.

Il est très-vrai, ma très-chère et très-honorée tante, que je suis parti cet été dans le dessein de vous aller voir, et que j’ai été jusqu’à la porte de votre ville, palpitant de joie dans l’espérance de vous embrasser dans peu de minutes ; mais, un ami qui venait exprès à ma rencontre m’ayant atteint tout près de Nion, il fallut me rendre en hâte auprès d’une nombreuse compagnie qui avait fajt dix-huit lieues pour me joindre et qui m’attendait depuis deux jotirs ; de sorte que, quoiqu’il fût déjà près de huit heures quand cet ami m’atteignit, nous traversâmes le lac de nuit et fûmes cou- cher le même soir à Thonon. Là, mes incommodités ayant augmenté, les temps pluvieux étant survenus, de mauvaises nouvelles me rappelant chez moi, je fus forcé de repartir sans avoir joui du plaisir que je m’étais promis, et pouvant