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588 . LETTRES LNÉDITES.

permette de songer au voyage du Bourget. Ainsi donc à la huitaine. Adieu, voilà des châtaignes qui ne paraissent pas indignes de votre avaloire ; je souhaite que vous les trouviez bonnes.

XIII

À M. LE BIARÉCHAL DE LUXEMBOURG.

Ce 20 octobre 1761.

Je ne me lasse point, monsieur le maréchal, de relire votre dernière lettre*. Quelle abondance, quelle éloquence I Je ne la reprends jamais sans y retrouver mille idées, mille sentiments que je n’avais pas d’abord aperçus ; il semble qu’elle se renouvelle à chaque fois que j’y reviens ; c’est une bibliothèque que cette lettre-là, mais une bibliothèque qu’on peut parcourir, épuiser, fouiller incessamment, sans fatigue, sans ennui, sans répétition ; une bibliothèque comme il serait à souhaiter que fussent les autres. Mal- heureusement voilà ce qu’on ne saurait obtenir. C’est en vain que les plus illustres auteurs voudraient lutter avec vous de précision, d’énergie ; non, monsieur le maréchal, jamais les Montesquieu, les Pascal, les Tacite, n’ont dit tant de choses en si peu de mots. Mais il faut avouer aussi que vous n’avez pas un mauvais interprèle, et que c’est de cette

  • Le ton plaisant de cette lettre s’explique par le fait suivant, déjà connu :

quand ses occupations nombreuses ne permettaient pas au maréchal de Luxembourg d’écrire en détail à Rousseau, il se bornait à lui envoyer une feuille de papier blanc, une marque dont ils étaient convenus tous deux pour signifier que le maréchal était en bonne santé. La lettre que nous donnons jci est sans doute une réponse, rédigée par Jean-Jacques dans un moment de belle humeur, à une de ces missives laconiques. {Note de l Éditeur.)