Page:Rousseau - Œuvres et correspondance inédites éd. Streckeisen-Moultou.djvu/331

Cette page n’a pas encore été corrigée

AVIS DE L’ÉDITEUR. 505

l’auteur et les miennes, et, pour cela, dentrer dans ses vues, de les éclaircir, de les étendre, et de ne rien épargner pour leur faire valoir tout leur prix.

« Mon ouvrage devait donc être composé de deux parties abso- lument sé|>arées : Tune destinée à exposer de la façon que je viens de dire les divers projets de Tauteur ; dans l’autre, qui ne devait paraître qu*après que la première aurait fait son effet, j’aurais porté mon jugement sur ces mêmes projets, ce qui, je l’avoue, eût pu les exposer quelquefois au ^rt du sonnet du Misanthrope. À la tête de tout Fouvrage devait être une vie de l’auteur pour laquelle j’avais ramassé d’assez bons matériaux, que je me flattais de ne pas gâter, en les employant. J’avais un peu vu l’abbé de Saint-Pierre dans sa vieillesse, et la vénération que j’avais pour sa mémoire m’était ga- rant qu’à tout prendre M. le comte ne serait pas mécontent de la manière dont j’aurais traité soi\ parent.

(( Je fis mon essai sur la Paix perpétuelle^ le plus considérable et le plus travaillé de tous les ouvrages qui composaient ce recueil ; et, avant de me livrer à mes réflexions, j’eus le courage de lire absolument tout ce que l’abbé avait écrit sur ce beau sujet, sans jamais me rebuter par ses longueurs et ses redites. Le public a vu cet extrait, ainsi je n’ai rien à en dire. Quant au jugement que j’en ai porté, il n’a point été imprimé, et j’ignore s’il le sera jamais ; mais il fut fait en même temps que Textrait

a Je passai de là à la Polysynodie ou pluralité des conseils y ouvrage fait sous le régent pour favoriser l’administration qu’il avait choisie, et qui fit chasser de l’Académie française l’abljé de Saint- Pierre, pour quelques traits contre l’administration précédente, dont la duchesse du Maine et le cardinal de Polignac furent fâchés. « J’achevai ce travail comme le précédent, tant le jugement que l’extrait ; mais je m’en tins là sans vouloir continuer cette entre- prise, que je n’aurais pas dû commencer.

« La réflexion qui m’y fit renoncer se présenta d’elle-même, et il était étonnant qu’elle ne me fût pas pas venue plus tôt. La plupai t des écrits de l’abbé de Saint-Pierre étaient ou contenaient des ob- servations critiques sur quelques parties du gouvernement de France,