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LES AMOURS

DE GLAIRE ET DE MARGELLIN

Dans le village d’Orival, en Dauphiné, demeurait un laboureur à son aise, nommé Germon. Le paysan avait un fils unique nommé Marcellin, jeyne homme heureusement né et d’un mérite d’autant plus vrai qu’il n’avait point reçu le fond de Téducation. Son père, fâché de n’avoir que lui, voulut le marier de bonne heure pour s’assurer une plus nombreuse famille ; car la multitude des enfants, qui, chez les paysans, ajoute à la misère des pauvres, augmente la richesse de ceux qui sont à leur aise. Germon, s’étant donc arrangé pour ce mariage, le conclut moins en villa-

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geois qu’en homme riche, c’est-à-dire sur les seules con- venances du bien et sans beaucoup consulter le goût de son fils.

Marcellin, à qui le cœur ne disait rien en faveur du choix de son père, mais qui n*avait non plus rien de raisonnable