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DES INSTITUTIONS POLITIQUES. 237

cuper les sens du peuple afin de distraire son imagination des choses du gouvernement, si l’on veut qu’il soit sage et tranquille, est démenti par Texpérience ; car jamais TAngleterre n’a été si tranquille qu’elle l’est aujour- d’hui, et jamais les particuliers ne se sont tant occupés, tant entretenus des affaires de la nation. Au contraire, voyez la fréquence des révolulions en Orient, où les affaires du gouvernement sont toujours pour le peuple des mystères impénétrables. Il est fort apparent que toutes ces maximes barbares et sophistiques ont été introduites par des minis- tres infidèles et corrompus qui avaient grand intérêt que leurs prévaric-ations ne fussent pas exposées.

Quand on considère d’un œil de philosophe le jeu de toutes les parties de ce vaste univers, on s’aperçoit bientôt que la plus grande beauté de chacunedes pièces qui le composent ne consiste pas en elle-même et qu’elle n’a pas été formée pour demeurer seule et indépendante, mais pour concourir avec toutes les autres à la perfection de la machine entière. Il en est de même dans l’ordre moral. Les vices et les vertus de chaque homme ne sont pas relatifs à lui seul. Leur plus grand rapport est avec la société, et c’est ce qu’ils sont à l’égard de l’ordre en général qui con- stitue leur essence et leur caractère.

DE L’HONNEUR

Que servent tant d’académies ouvertes, au petit nombre de ceux qui les honorent ? Moins à distinguer ces grands