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Et plus loin : « C’est donc gratuitement, à notre avis, qu’on a voulu voir, dans le morceau cité tout à l'heure, une preuve de la conversion de J. J. Rousseau au christianisme réel dans les dernières années de sa vie. Il est, d’ailleurs, quant au fond des idées, impossible d'y voir autre chose qu’une répétition nouvelle des idées ex* posées dans la Profession de foi du vicaire savoyard, »

D’autre part, nous avons trouvé, dans les papiers de M. 6. Houl- tou, le passage suivant, qui a rapport au morceau allégorique sur la révélation : f II n’est point d’auteur plus vrai et de meilleure foi que Rousseau. Quand il a changé d’opinion, il le dit avec fran- chise, n ne cherchait point à se tromper ni à tromper les autres. Il était continuellement occupé à s’éclairer sur les grandes vérités qui unissent ce monde à un autre. Tous ses ouvrages ont potir but le bonheur des hommes. Rousseau était certainement religieux : dans tous ses chiffons de papier sur lesquels il jetait ses premières idées, jeii’ai jamais trouvé. un seul mot, ayant trait à la religion, qui ne soit un hommage rendu à son Créateur, ou à celui qui est venu avec autorité enseigner les hommes. Un de ces fragments, le morceau sur la révélation, n’eât ^core qu’une ébauche, mais les ébauches de Rousseau sont les pensées de son cœur, et ses amis ne peuvent mieux le défendre, qu’en le faisant répondre lui-même à toutes les calomnies dont chaque jour on charge sa mémœre. »

Nous ne pensons pas, dans un simple avertissement, à ncMis prononcer sur une questicm si grave. Rornons-nous à dire que si H. Houltou a dû être influencé, dans son appréciationi, en faveur de l’ami de son père, lejugement.de H. Sajons nous paraît, d’autre part, d’une sévérité hasardée. L’accAisation intentée contre Rousseau de s’être peint lui-même sous la figure du Christ, ne trouve pas, ce nous semble, une base bien solide dans le morceeau qu’oa va lire, et le changement que œ morceau constaterait, dans les idées religieuses de Rousseau, sans pouvoir être qualifié de : t conversion au christianisme réélj » peut être plus sérieux et plus profond que ne le suppose l’auteur du Dix-huitième siècle à l'étranger.

G.Str.