Page:Rousseau - Œuvres et correspondance inédites éd. Streckeisen-Moultou.djvu/121

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

France, les Suisses ont vu le danger et y ont mis ordre autant qu’il à dépendu d’eux. Il reste à voir si leurs précautions ne sont pas trop tardives ; car, si malgré ces précautions leurs bois diminuent journellement, il est clair qu’ils doivent enfin se détruire.

La Corse, en s’y prenant de plus loin, n’aurait pas le même danger à craindre ; il faut établir de bonne heure une exacte police sur les forêts, et en régler tellement les coupes que la reproduction égale la consommation. Il ne faudra pas faire comme en France, où les maîtres des eaux et forêts ayant un droit sur la coupe d’un arbre, ont intérêt de tout détruire, soin dont ils s’acquittait aussi de leur mieux. Il faut de loin prévoir les besoins ; quoiqu’il ne soit pas à propos d’établir à présent une marine, le temps viendra où cet établissement doit avoir lieu, et alors on sentira l’avantage de n’avoir pas livré aux marines étrangères les belles forêts qui sont proches de la mer. On doit exploiter ou vendre les bois vieux qui ne profitent plus ; mais il faut laisser sur pied tous ceux qui sont dans leur force ; ils auront dans leur temps leur emploi.

On a trouvé, dit-on, dans l’île une mine de cuivre ; cela est bon, mais les mines de fer valent encore mieux. Il y en a sûrement dans l’île ; la situation, les montagnes, la nature du terrain, les eaux thermales qu’on trouve dans la province du cap Corse et ailleurs, tout me fait croire qu’on trouvera beaucoup de ces mines, si l’on cherche bien et qu’on emploie à ces recherches des gens entendus. Cela supposé, l’on n’en permettra pas indifféremment l’exploitation ; mais on choisira les emplacements les plus favorables, les plus à portée des bois et des rivières pour établir des forges, et où l’on pourra ouvrir les routes les plus commodes pour