Page:Rousseau - Œuvres de J B Rousseau, nouvelle édition, Tome IV, 1820.djvu/407

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
405
A L’ABBÉ D’OLIVET.

A Bruxelles, le 14 janvier 1725.

Je reçus hier au soir seulement la lettre dans laquelle vous m’accusez la réception de la Mariamne, que je vous ai envoyée par M. de Saint-Rambert ; mais comme vous ne me parlez point de la lettre que je vous ai écrite le même jour, par une autre occasion, je juge que vous ne l’aviez point encore reçue. Ce qui m’embarrasse, c’est que vous ne me dites rien de la préface, qui est une pièce indispensablement nécessaire à l’impression de cette tragédie, que je crois pourtant avoir mise dans le même paquet, où sûrement vous la trouverez, car elle n’est point dans mes papiers. Je suis bien aise que vous approuviez les changements que j’ai faits ; il n’y avoit point d’autre moyen pour conserver à la nation un ouvrage qui lui fait autant d’honneur que ses copies lui en font peu : l’exemple n’est pas nouveau. C’est ainsi que Villon et les auteurs du roman de la Rose, qui étoient les Corneille de leur temps, se sont conservés jusqu’à nous. Marot, par l’ordre de François ier, les rhabilla à la mode de son temps ; mais il n’y changea que ce qu’il falloit pour les rendre intelligibles, ou pour les garantir du mépris attaché à la bassesse