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A L’ABBÉ D’OLIVET.

A Bruxelles, le 8 décembre 1724.

La poste est fidèle, mais paresseuse. Je ne reçois qu’en ce moment, monsieur, la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire, du 3 de ce mois, avec les pièces qui y sont jointes. Celle qui regarde l’Israélite du Lys finit plaisamment ; mais la narration pourroit être plus serrée, et l’auteur en auroit fait une jolie épigramme, s’il eût voulu. Quant à la recette, je souhaite qu’elle opère heureusement sur le patient à qui on en fait faire l’épreuve. Umana cosa e il mal Francese ; et pour passer du rebus italien au mot latin de Térence, homo sum ; humani à me nil alienum puto. C’est pourquoi j’éviterai le plus qu’il me sera possible de tomber dans l’inconvénient où la fragilité humaine expose les foibles mortels ;

Et saurai me garder de tous les accidents
Qui, n’étant point prévus, perdent les imprudents.

Ces vers sont de Mariamne ; j’entends celle de Tristan : à propos de quoi je vous dirai que, depuis votre départ, à l’aide de soixante ou quatre-vingts vers corrigés, d’un pareil nombre retranchés, et de vingt ou trente au plus suppléés, je viens de rendre cette tragédie le plus