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AU LECTEUR. C'est ici un ouvrage de commande, et un travail de douze heures. Ainsi j'ai lieu d'espérer que les plaisanteries n'en seront point examinées trop sérieusement. On sait que l'Intention de la comédie est de faire rire, comme celle de la tragédie est de faire pleurer. Il n'y a rien de moins naturel que de voir Jupiter déclamant les vers d'Euripide, et Hercule négociant avec les oiseaux un passage pour la fumée des sacrifices. Cependant ces plaisanteries sont reçues dans Lucien et dans Aristophane, parce qu'elles excitent la passion, et que cette première règle couvre toutes les irrégularités. Il n'est donc pas nécessaire de justifier ici ce qui pourrait sembler un peu outré dans la petite comédie que l'on va voir, puisqu'on voulait qu'elle fût ainsi, et qu'elle a produit l'effet que l'on en attendait. Il serait peut-être plus à propos de rapporter à quelle occasion elle a été faite mais la modestie ne me permet pas de nommer au public tous les acteurs illustres qui ont bien voulu s'en faire un amusement. Il me suffit de conserver pour moi-même le souvenir éternel des bontés du grand prince qui m'en a fourni l'idée, et le trop juste regret d'une auguste princesse, à qui la France doit le plus cher objet de son amour, et qui en aurait fait elle-même le bonheur et les délices, si une mort prématurée ne l'eût enlevée à la fleur de son âge.


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