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N’ose étaler en leur présence
L’or de ses rayons précieux.

Du tribut que la mer reçoit de nos fontaines,
Indignés et jaloux, leur souille mutiné
Tient les fleuves chargés de chaînes,
Et soulève contre eux l’Océan déchaîné.
L’orme est brisé, le cèdre tombe,
Le chêne le plus dur succombe
Sous leurs efforts impérieux ;
Et les saules couchés, étalant leurs ruines,
Semblent baisser leur tête et lever leurs racines[1]
Pour implorer la vengeance des cieux.

Bois paisibles et sombres,
Qui prodiguiez vos ombres
Aux larcins amoureux,
Expiez tous vos crimes,
Malheureuses victimes
D’un hiver rigoureux ;

Tandis qu’assis à table,
Dans un réduit aimable,
Sans soins et sans amour,

  1. Semblent baisser leur tête, etc. Ici, au contraire, l’effet naturel
    ne produit plus qu’une image bizarre et forcée ; et, pour être
    trop vrai, le poète tombe dans le niais et le burlesque. On ne sauroit
    guère caractériser autrement des saules qui lèvent leurs racine*
    vers les cieux, pour leur demander vengeance.