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Que devient aujourd’hui cette riche parure
Dont je fus charmé tant de fois ?
Je cherche vainement, dans cette triste plaine,
Les oiseaux, les zéphyrs, les ruisseaux argentés:
Les oiseaux sont sans voix, les zéphyrs sans haleine,
Et les ruisseaux dans leur cours arrêtés.[1]
Les aquilons fougueux régnent seuls sur la terre;
Et mille horribles sifflements
Sont les trompettes de la guerre[2]
Que leur fureur déclaré à tous les éléments.

Le Soleil, qui voit l’insolence
De ces tyrans audacieux,
N’ose étaler en leur présence
L’or de ses rayons précieux.

La crainte a glacé son courage,
Il est sans force et sans vigueur ;
Et la pâleur sur son visage
Peint sa tristesse et sa langueur.

Le Soleil, qui voit l’insolence
De ces tyrans audacieux,

  1. Les ruisseaux dans leur cours arrêtés. Arrêtés est bien foible,
    lorsqu’il s’agit du frein de glace que l’hiver oppose à la rapidité
    des fleuves et des ruisseaux.
  2. Sont les trompettes de la guerre, etc. Quel éclat, quelle magnificence
    de style ! les sifflements de l’aquilon, devenus tout à coup Jes
    trompettes de la guerre déclarée aux éléments ! Il n’y a qu’un grand
    poète qui puisse tirer de pareilles beautés des circonstances naturelles où le place son sujet.