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Amants, si jamais quelque belle,
Changée en lionne cruelle,
S’efforce à vous faire trembler,
Moquez-vous d’une image feinte ;
C’est un fantôme que sa crainte
Vous présente pour vous troubler.
Elle peut, en prenant l’image
D’un tigre ou d’un lion sauvage,
Effrayer les jeunes Amours ;
Mais, après un effort extrême,
Elle redevient elle-même,
Et ces dieux triomphent toujours.


CANTATE VII.
CIRCÉ.[1]

Sur un rocher désert, l’effroi de la nature,
Dont l’aride sommet semble toucher les cieux,
Circé, pâle., interdite, et la mort dans les yeux, [2]

  1. La Cantate de Circé est un morceau à part ; elle a toute l’élé* vation des plus belles Odes de Rousseau, avec plus de variété: c’est un des chefs-d’œuvre de la poésie Françoise. La course du poète n’est pas longue; mais il la fournit d’un élan qui rappelle celui des chevaux de Neptune, dont Homère a dit qu’en trois pas ils atteignoient aux bornes du monde. (Laharpe, Cours de Littérature.)
  2. Circé, pâle, interdite, et la mort dans les yeuse. Quelle vérité !