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L’amant ne triomphe guère,
S’il n’affronte les hasards.

Quand le péril nous étonne,
N’importunons point les Dieux :
Vénus, ainsi que Bellone,
Aime les audacieux.

Le guerrier qui délibère
Fait mal sa cour au dieu Mars :
L’amant ne triomphe guère,
S’il n’affronte les hasards.

Pélée, à ce discours, portant au loin sa vue,
Voit paroître l’objet qui le tient sous ses lois :
Heureux que, pour lui seul, l’occasion perdue
Renaisse une seconde fois
Le cœur plein d’une noble audace,
Il vole à la déesse ; il l’approche, il l’embrasse.
Thétis veut se défendre ; et, d’un prompt changement
Employant la ruse ordinaire,
Redevient, à ses yeux, lion, tigre, panthère :
Vains objets, qui ne font qu’irriter son amant.

Ses désirs ont vaincu sa crainte :
Il la retient toujours d’un bras victorieux ;
Et, lasse de combattre, elle est enfin contrainte
De reprendre sa forme, et d’obéir aux Dieux.[1]

  1. Elle est enfin contrainte de reprendre sa forme, etc.
    Tum demum ingemuit : Neque, ait, sine numine vincis :
    Exhibita estque Thetis.
    Tu 1’emportes, dit-elle ; et les Dieux sont pour toi.